jeudi 2 décembre 2010

Une année écourtée chez les Bretons

Plusieurs d’entre vous ont déjà été mis au parfum. Mon année chez les Bretons aura finalement été une demi année et je serai de retour lundi. J’ai pris la décision il y a trois semaines de quitter Reading. Suite à l’annulation de certains cours et après huit semaines, j’ai réalisé que l’expérience académique ne convenait tout simplement pas. La déception est vive, il va sans dire, mais il faut savoir admettre ses erreurs et repartir sur une meilleure base. Les autres défis et le début de carrière qui m’attendent m’emplissent d’enthousiasme mais j’arrête ici parce que mes mots rappellent dangereusement ceux d’un hockeyeur annonçant sa retraite. Et puis malgré l’échec du projet, j’ai fait de grandes rencontres à Reading. Je me suis fait de très bons amis. 

Quoi qu’il en soit je vous suis très reconnaissant de m’avoir suivi pendant ces quelques parutions. J’ai adoré écrire le blog. Selon toute vraisemblance, et connaissant mes tendances, il ne s’agira pas de ma dernière petite aventure et je répéterai l’expérience du blog. J’ai hâte de vous revoir. 

Trêve maintenant de sentimentalité. Après avoir pris ma décision, il y a environ trois semaines, j’ai décidé d’aller me balader en Europe. D’abord Dublin, ensuite Berlin et une rapide visite à mon amie Amélie et à son copain Maxime du côté de Cambridge. Je propose l’ordre chronologique. 

Dublin

J’ai énormément lu pendant mes deux mois à Reading et j’étais dans un moment de grand intérêt littéraire lorsque j’ai atterri à Dublin. Dublin, justement, a connu quatre prix Nobel de littérature et plusieurs autres grands auteurs. Les rues, ruelles, pubs, poubelles, tout semble être en lien direct avec les James Joyce, Oscar Wilde, Samuel Beckett et compagnie. Joyce en particulier, qui décrit Dublin jusqu’à l’obsession dans son Ulysse, est adoré des Irlandais et omniprésent à Dublin. On dit de l’Ulysse qu’il est le plus grand et meilleur livre que personne n’a lu. Je ne l’ai pas lu. 

J’ai voyagé seul à Dublin où j’ai passé trois jours. J’ai rencontré quatre Italiennes dont la compagnie m’a permis de découvrir les célèbres pubs dublinois. Les Italiens en général adorent partager leurs soirées, soucis et impressions d’auberge de jeunesse avec moi. Je suis la cible parfaite. Mon canadianisme présente le juste niveau d’exotisme mais ma capacité à parler italien leur permet de laisser leur anglais désastreux au placard.
J’ai inévitablement visité l’usine Guiness dont je vous dirai ce que tous m’avaient déjà dit. Les onze euros ne vaudraient pas le coup si on ne vous offrait pas une pinte de Guiness à la fin du parcours. Et la Guiness est bel et bien meilleure à Dublin que n’importe où ailleurs. 

Les voyages présentent souvent d’heureux hasards. Je me suis perdu dans Dublin et c’est complètement par chance que je suis tombé sur le stade et sur un match de rugby opposant l’équipe nationale irlandaise aux légendaires All-Blacks de Nouvelle-Zélande. Je me suis déniché un revendeur (beaucoup plus discrets en Europe qu’autour du Centre Bell et tronche de criminel en bonus) et, pour 40 euros, j’ai assisté au duel que les Irlandais ont perdu en livrant néanmoins une belle lutte. Le rugby est un sport dont je ne saisis pas les subtilités et qui m’a toujours ennuyé à la télévision. L’expérience est très différente sur place. Une combinaison de grâce et de violence que même ma NFL adorée pourrait envier. 

Évidemment, je suis arrivé à temps au stade pour assister à la danse guerrière des All Blacks, qu’on appelle le haka et qui est de tradition aborigène. Mon appareil photo a manqué d’énergie à ce moment précis. Allez jeter un coup d’œil sur youtube. Le haka à lui seul valait le prix d’entrée. Ne serait-ce que pour voir les yeux apeurés des joueurs irlandais qui y assistaient impuissants. 

Berlin

J’y ai passé une semaine complète dans une auberge de jeunesse idéale qui m’a permis de faire plusieurs rencontres. Berlin n’est pas forcément belle mais elle est d’un intérêt et d’une diversité qui auraient justifié quelques jours de plus. On y retrouve ces temps-ci une première exposition organisée en Allemagne sur le culte d’Adolf Hitler et j’ai aussi visité la Topographie des Terreurs qui est sans doute le seul musée à analyser les atrocités nazies dans la perspective des criminels plutôt que dans celle des victimes. Berlin a par ailleurs une vie nocturne « underground » de haut niveau dont j’ai plus ou moins profité en raison d’une otite persistante. J’ai par ailleurs mangé une quantité industrielle de hot-dogs à saucisse allemande et j’ai assisté à un match de football du Hertha Berlin au fameux Olympia Stadion. L’ambiance était survoltée mais le grand Jesse Owens, médaillé d’or afro-américain des jeux de Berlin devant Hitler, n’aurait pas été fier de la qualité du spectacle offert par les joueurs. 

La vérité? Je me sens fondamentalement à l’aise en Europe continentale, qu’elle soit allemande, italienne ou française. En Angleterre? Un peu moins.

Cambridge

Ma collègue de Fasken Amélie et son copain Max étudient à Cambridge et ils ont eu la gentillesse de m’accueillir pour deux jours et une nuit. Cambridge est toute petite mais absolument superbe de ses collèges et facultés. Nous avons essentiellement mangé, bu et ri pendant plusieurs heures dans une ambiance bucolique, féerique et, ma foi, enchanteresse rappelant bien évidemment la série Harry Potter. Je suis donc déçu de mon expérience à Reading, j’ai appris que, pour l’instant, le projet de maîtrise ne me convenait pas et j’ai hâte de m’attaquer à la pratique chez Fasken. Je pourrais ajouter que ma visite de Cambridge et mes discussions avec Amélie et Max ne m’ont pas donné quelques idées mais il s’agirait d’un mensonge. 

Avant de revenir

Chelsea-Everton au Stamford Bridge de Londres samedi après-midi. 

De retour lundi!

dimanche 7 novembre 2010

Petites bêtes

J’ai passé mon samedi à errer dans Londres, me mêlant ainsi aux milliers de touristes qui la parcourent à chaque jour. Bien entendu, Big Ben, le Parlement, Piccadilly et le Buckingham Palace figurent parmi les attractions principales. Sauf que rien n’attire autant l’attention de la junte touristique que l’écureuil. L’écureuil londonien est une vedette. On le photographie, on le nourrit en le laissant grimper sur ses jeans et on le célèbre à l’unisson dans tous les parcs de la cité. L’euphorie collective atteint d’ailleurs son comble lorsque deux de ces petits rongeurs, ayant le sens du spectacle, décident de se poursuivre le long d’un tronc d’arbre. On a l’impression d’être en plein safari urbain.  

Tout cela donne matière à réflexion. Londres a déjà été le centre politique, économique et philosophique de l’univers et demeure une métropole de spectaculaire envergure. Qui sommes-nous donc, vulgaires Montréalais, pour tenir l’écureuil pour acquis alors même qu’il est plus « in » que jamais dans la capitale du Royaume-Uni? Pensez-y.

Puisqu’il est question de petites bestioles, il est de mon devoir de traiter une deuxième fois de mon collègue Summan, éminent jeune criminaliste indien aux allures napoléoniennes. Dans notre cours de mardi dernier, Summan est intervenu pour livrer son opinion sur un texte. Il a parlé sans arrêt, à vitesse grand V, pendant exactement six minutes et 42 secondes. Lorsqu’il eut terminé sa tirade, une jeune femme lui fit noter qu’il ne parlait pas assez fort. Elle lui demanda de bien vouloir répéter son idée mais en la résumant. Summan, idole d’un peuple, accepta de répéter mais refusa de résumer. De nouvelles idées surgirent tandis qu’il parlait. Son intervention dura plus de huit minutes. Notre professeur, un Italien dont le domaine de recherche et d’expertise réside dans le droit du sexe (sans blague), avait le sourire aux lèvres. 

Et puisqu’il est question d’Italien, mon ami italien et moi-même sommes allés assister au duel Tottenham-Inter dans un pub à proximité du campus. Pour ceux  et celles qui ne sont pas familiers avec le foot européen, Tottenham vient de Londres et l’Inter de Milan. Nous prenions bien sûr pour l’Inter et une petite partie de moi-même espérait sans doute que se réveille une forme d’hooliganisme chez les autres spectateurs attablés autour de leur pinte d’ale. J’aurais pu mettre à profit mon entraînement de course à pied et prendre mes jambes à mon cou. Malheureusement, tous sont demeurés très civilisés d’autant plus que c’est leur équipe qui gagnait. Je pense donc devoir hausser mon jeu d’un cran et aller chercher la pagaille directement dans les stades. Après trop de tergiversations au cours du dernier mois, je plonge et j’achète un billet dès cette semaine, probablement pour Arsenal au mois de décembre. 

En attendant, les études s’intensifient avec la rédaction obligatoire de deux essais. Je ne crois pas avoir écrit d’essais à proprement dit depuis le cégep si on exclut quelques activités académiques similaires pendant mon passage à la faculté de droit. J’ai déjà hâte de m’attaquer à ce papier de sept pages par lequel nous sommes appelés à combiner droit international et philosophie du droit. Sans vouloir faire référence à Éric c. Lola, 90% de mes connaissances pratiquant ou étudiant le droit s'en étant chargées sur Facebook, nous sommes assez loin du litige familial. 

lundi 1 novembre 2010

Le Pays de Galles, Wales, Cymru en gallois

J’ai franchi samedi la frontière culturelle plutôt fictive et la frontière politique complètement fictive du Pays De Galles (Cymru prononcé Keum-Ri). Un vrai petit voyage organisé comme je n’en avais pas fait depuis ma mémorable découverte d’Ottawa, qui date de la sixième année. Flanqué de mes habituels comparses greco-indo-italiens et de plusieurs dizaines d’autres étrangers tenant leur appareil-photo comme on s’accroche à la vie, nous avons fait le voyage en autobus, accompagnés par un guide qui nous a fourni quelques explications en cours de route. Les explications ont toutefois été assez brèves parce que, pour une raison encore nébuleuse à mes yeux, le sujet a dérivé sur la question de l’indépendance de l’Écosse. Le guide ne partageait pas l’opinion séparatiste de Sir Sean Connery et voulait l’indiquer à la dizaine d’Asiatiques indifférents qui l’entouraient.  
Les châteaux que nous avons visités étaient magnifiques et la ville de Cardiff (Caerdydd) plutôt jolie mais, comme toujours, ce sont les détails qui ont retenu mon attention, comme les indications publiques écrites en anglais mais aussi en gallois. Le gallois est une langue parfaitement mystérieuse qui aligne souvent un nombre incalculable de consonnes consécutives en plus d’entretenir une relation intime avec les lettres y et w. Ses origines celtiques rappelleraient le basque et il connaîtrait actuellement un regain de popularité au sein des institutions galloises et de la population.
Le Pays de Galles compte trois millions d’habitants et est confortablement installé sur une zone riche en charbon. Tellement riche qu’historiquement, la majorité des hommes adultes travaillaient dans cette industrie. Évidemment, les choses se sont compliquées lorsque l’utilisation du charbon a connu une baisse de popularité qu’on  prétend attribuable à certains inconvénients du produit pour la santé humaine. Aujourd’hui, on n’exploite plus du tout la ressource et l’économie galloise a dû être repensée. Le tourisme y joue maintenant un rôle majeur et, comme l’écrirait sans doute un guide de voyage, l’arrêt vaut effectivement la peine.
Nous sommes sortis samedi soir et, à trois heures du matin, avons décidé de nous rendre à l’étang après avoir déterminé qu’il n’y avait rien comme aller regarder passivement un étang en pleine nuit le jour de l’Halloween. Fatiguée, l’Indienne ne voulait pas suivre. J’ai donc dit à l’Italien de la saisir par les jambes tandis que je la saisirais par les bras. J’ai toutefois oublié de mettre ma partie du plan à exécution. Notre amie a chuté et elle ne l’a pas trouvé drôle.  Moi oui. Les blasphèmes anglophones que nous connaissons si bien s'apprécient autrement lorsque prononcés avec l'accent indien. Les mots ne peuvent aucunement rendre justice à la qualité humoristique d’un moment comme celui-là. Je suis toutefois content d’avoir tenté le coup dans cette parution du blog. Les esprits les moins charitables parmi vous, chers lecteurs, auraient aimé être présents.

mardi 26 octobre 2010

Et les Anglais?

Je repense à mes trois premières parutions et je réalise qu'il a été abondamment traité du sujet des nombreuses nationalités qu'on retrouve sur le campus. J'insiste pourtant pour dire que la chose est assez phénoménale. Il semble que l'Angleterre soit un immense centre commercial où le monde entier vient consommer son éducation supérieure. Reste que j'avoue mes torts. Je me suis en quelque sorte rendu coupable de "name-dropping" national, qu'on pourrait aussi qualifier de state-dropping ou de nation-dropping.

Qu'en est-il maintenant de ce peuple fier chez qui je me suis invité à l'improvisme? Qu'en est-il des Anglais eux-mêmes? J'en connais encore très peu et me limiterai donc à des préjugés complètement subjectifs qui me permettront de rester fidèle au ton habituel de mon blog.

Les points positifs sont nombreux. C'est bien connu, les Anglais sont d'une grande courtoisie et d'une grande gentillesse mais il s'agit là d'une qualité nationale des plus ennuyeuses. Il est beaucoup plus intéressant de noter, avec une certaine surprise dans mon cas, l'absence presque totale d'ethnocentrisme qui existe en Angleterre. Les Anglais ne considèrent pas forcément leur pays comme un paradis sur terre sans pour autant le critiquer sans arrêt comme c'est l'habitude dans certains autres pays. Pour eux, le Royaume-Uni est ce qu'il est, pour le meilleur et pour le pire, et, en présence d'un étranger, les Anglais n'insistent pas pour vendre ou pour dénigrer leur nation ou pour jouer aux guides touristiques. À cet égard, ils sont selon moi différents des Français, des Italiens, des Américains, des Québécois et essentiellement du reste du monde occidental. Si je rencontre moi-même un étranger (entre guillemets évidemment), je m'empresse presque naturellement de l'interroger sur son pays et de lui indiquer les quelques commandements d'un mode de vie montréalais adéquat. Ici, les gens sont trop habitués pour agir ainsi. Been there, done that...

Pour le reste, les filles ici, quand elles sortent, s'habillent d'une manière qui fait paraître notre faune St-Laurentienne (et je ne parle pas des poissons du fleuve) pour représentantes d'une congrégation de bonnes soeurs. Face à autant de peau révélée, je n'ai eu d'autre choix que de...faire mes quelques recherches anthropologiques...sur Wikipédia. Semble-t-il donc que l'Angleterre a son équivalent des 450 mais qui s'applique exclusivement au beau sexe. On les appelle ici les «Essex Girls» du nom d'une région à réputation ouvrière en banlieue de Londres. Je vous réfère à Google si vous désirez faire votre propre étude comparative. Le concept est dérivé de « Essex Man» qui, pendant les années 80, désignait le représentant typique de la classe ouvrière conservatrice qui votait pour Margaret Thatcher.

Pour le reste, Wayne Rooney a choisi de rester à United où il a signé un nouveau contrat de cinq ans pour la modique somme de 190 000 pounds par semaine. Vu l'ampleur de ses récentes difficultés conjugales suite à sa relation avec quelque courtisane londonnienne, Rooney aurait peut-être dû attendre. Madame risque maintenant de filer avec quelques millions de plus. L'idée ne vient pas des tabloids mais de moi-même. Je vais la vendre au Sun.

lundi 18 octobre 2010

Séminaires, petits périples et quotidien d'adoption

J’aurais tort de commencer cette troisième parution en ne parlant pas tout de suite de Summan. Summan mesure environ cinq pieds de la fougue la plus absolue, vient des Indes et amorce une maîtrise dont la dissertation comparera l’état des droits britannique et indien sur la légalisation de la prostitution. Les interventions de Summan lors des séminaires sont deux fois plus longues que celles des autres étudiants et, ce, même s’il parle au moins quatre fois plus rapidement. J’ai bien sûr demandé à ma voisine indienne si elle connaissait mon nouvel ami. Elle m’a répondu par la négative tout en m’affirmant, le regard curieux et interrogateur, que la légende de Summan était parvenue à ses oreilles. Peut-être espère-t-elle que je fasse les présentations.
Ma première semaine de cours s’est fort bien déroulée. J’apprécie particulièrement la méthode d’apprentissage qui est préconisée ici au niveau de la maîtrise. Généralement, ce sont les étudiants qui parlent et qui débattent à la lumière de leurs lectures. Comme les professeurs se plaisent à le répéter, notre longue et parfois pénible phase de consommation du savoir doit maintenant laisser place à une production du savoir. Mon cours de politique, qui durera toute l’année et qui traite des conflits au Moyen-Orient, me plaît par-dessus tout. Nous sommes dix étudiants provenant tous de pays différents et ayant tous des opinions et surtout des préjugés variés sur les sujets dont il est question. Chaque étudiant devra préparer un séminaire à l’automne et un autre lors de la session d’hiver en plus de se spécialiser dans la situation politique d’un pays. J’ai choisi le Yémen. Pourquoi? Pour la même raison que j’ai choisi Reading. Parce que…
Reading continue d’être un havre de tranquillité en pleine campagne anglaise. J’apprécie la chose. Vraiment. Reste que le petit urbain en moi doit bouger un peu pour trouver son compte. J’ai donc passé mon samedi à Londres et je compte me rendre assez régulièrement dans la capitale. Je planifie aussi un périple d’une journée à Cardiff, au Pays-de-Galles, et d’une fin de semaine du côté de Dublin. Pour la énième fois, je ferai appel à Ryanair, compagnie sur le bord du gouffre mais néanmoins bénie des dieux.
Partout où je me rends pour une période supérieure à cinq jours, je ressens le besoin d’adopter un quotidien. L’Équipe, la Gazzetta dello Sport et le Miami Herald ont déjà figuré parmi les feuilles de chou qui m’ont gardé bien au chaud en l’absence de La Presse. Évidemment, les meilleures pages sportives sont toujours recherchées. Ici, ce ne sont pas les torchons qui manquent mais, jusqu’à maintenant, je jette surtout mon dévolu sur le très correct Daily Telegraph, dont les pages sportives sont assez nourries. Ma soif de culture politique et les exigences de mon cours sur le Moyen-Orient commandent toutefois la consultation d’un quotidien plus sérieux comme le Times. Suis-je vraiment prêt à abandonner mes huit pages par jour sur la relation houleuse entre Wayne Rooney et son entraîneur, Sir Alex Ferguson? Bien sûr que non. Vendredi, il y avait en page 15 un entrefilet sur la visite du président iranien Mahmoud Ahmadenijad au Liban. Je l’ai lu jusqu’à la fin. Cela devrait faire l’affaire.  
Halloween tombe un dimanche cette année. Ce même soir, la NFL fait son apparition annuelle à Londres. Je me cherche un billet à prix abordable pour aller voir les deux équipes médiocres présentes cette année, les Broncos et les 49ers, croiser les casques au mythique stade Wembley. Le match se termine en fin de soirée et je comptais passer la nuit d’Halloween à vagabonder à Londres jusqu’au premier train vers Reading. Comme personne sauf moi n’aime la NFL, j’agirai probablement en solo. C’est un plan, il me semble, tout-à-fait raisonnable.

dimanche 10 octobre 2010

Rencontres, impressions et mariages arrangés

Depuis ma dernière mise-à-jour, j’ai fait l’agréable rencontre des gens qui habitent dans ma bâtisse et, notamment, ceux qui sont sur mon étage et avec qui je partage la cuisine. Autrement dit, ma relation de voisinage avec mes « flatmates » a officiellement commencé. Sur mon étage, on retrouve donc deux Chinoises et un Chinois, une Grecque, un Italien, un semi-italien (moi), une Indienne et un Britannique qui a grandi en France.
Je fraternise déjà beaucoup avec la Grecque et l’Italien qui sont tous deux très drôles.  L’Indienne sort graduellement de sa coquille. Elle aime bien Reading mais affirme avec conviction qu’il s’agit d’un endroit moins animé et moins dynamique que sa ville natale, Mumbai. Je suis prêt à me fier à ses dires.
Les Chinois, il fallait peut-être s’y attendre, sont réservés. Sur l’ensemble du campus, ils sont très nombreux. L’une d’eux m’a d’ailleurs dit regretté avoir autant d’interlocuteurs mandarins et pouvoir difficilement améliorer son anglais. Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, que j’avais entendu quelque part que le mandarin était la langue de l’avenir. Je pense que c’était sur une terrasse d’Outremont. Aux Enfants Terribles peut-être. Elle n’a pas semblé convaincue.
Plusieurs de mes voisins des autres blocs et des autres étages étudient la météorologie. Reading serait la référence mondiale en la matière malgré la faible diversité de ses climats entre pluie torrentielle, pluie normale et maudite petite pluie froide qui n’arrête pas. L’un d’eux, un Anglais, a attrapé la piqûre tout jeune alors qu’il était en visite à Montréal avec ses parents. C’était la tempête de verglas. Peut-être disait-il tout ça pour me faire plaisir.
Jeudi et vendredi étaient mes deux journées d’introduction à la maîtrise en droit. J’ai tout de suite appris que deux cours que je voulais prendre ont été annulés. Frustrant. Ma maîtrise en droit prendra donc une teneur très internationale et géopolitique. Il s’agit de domaines qui n’ont pas grand-chose à voir avec la pratique privée du droit et donc avec ma carrière probable mais qui me permettront d’élargir mes horizons et d’explorer certaines questions peut-être pour la dernière fois. Mes cours commencent cette semaine et je suis un peu inquiet. Je me croise les doigts pour que cette maîtrise réponde à mes attentes. Une fois plongé, il faut nager.
Mariages arrangés
J’étais tranquillement penché sur mon plat de cannellonis décongelés, lorsque ma voisine indienne m’entretint de mariages arrangés. Elle voulait faire valoir le caractère arriéré de certaines des traditions existant toujours dans son pays. Certaines jeunes personnes doivent semble-t-il s’épouser après une seule rencontre. Elle considère toutefois que l’attitude de sa propre famille est idéale en la matière. Ses parents lui ont donné jusqu’à ses 26 ans pour faire un pur mariage d’amour après quoi ils s’en mêleront en lui proposant un fiancé. La jeune fille fréquentera alors le fiancé pendant une période allant jusqu’à un an et aura toujours la décision finale. Ma nouvelle amie voit la chose d’un bon œil. Papa et maman usent de leur réseau de contacts pour devenir eux-mêmes une sorte de Réseau Contact personnalisé avec leur progéniture comme unique clientèle. On n'arrête pas le progrès.
Football
D’abord, je ne jouerai pas au football américain. L’activité consomme trop de temps puisqu’elle nécessite trois entraînements par semaine et un match. Quant à l'autre football, je me suis mis à la recherche active de deux matchs auxquels assister en Premiership d’ici Noël. Les billets sont assez dispendieux et les prix varient toujours en fonction de l’adversaire. Je pense aller voir Arsenal ou Tottenham, contre un adversaire mineur pour ne pas dépasser le cap des 100 livres par billet, et une plus petite équipe londonienne, comme Fulham. Pour les amateurs de foot parmi les lecteurs de ce blog, vos suggestions sont plus que bienvenues.

lundi 4 octobre 2010

Introduction

Après avoir refusé d'utiliser ce médium pour chacune de mes aventures précédentes, j'ai cédé à ses attraits. Je tiendrai donc un blog (blogue?) pendant mon année de maîtrise à l'Université Reading en Angleterre. L'effort sera inconstant, paresseux, inégal et parfois enivré mais effort il y aura.

D'abord, un avertissement. Il ne s'agira pas de décrire mes journées ou mes semaines puisque la chose pourrait se faire dans ce premier envoi. J'irai à mes cours, j'étudierai, cette fois j'y suis résolu, je mangerai, boirai et ferai quelques rencontres. Jusque-là rien de trop différent de la réalité montréalaise. Les universités occidentales ont à cet égard beaucoup plus de points communs que de différences. Je l'avais déjà noté lors de mes quelques mois à Bologne.

Il sera plutôt question d'observations ponctuelles et de commentaires plus ou moins pertinents qui n'auront parfois rien à voir avec Reading ou avec l'empire britannique. Il est surtout question pour moi du plaisir d'écrire. Après une année presque complète à rédiger des notes de service juridiques, j'avoue être pris du désir presque charnel de redécouvrir l'usage de l'adverbe et de l'adjectif.

Alors Reading? C'est à une demi-heure de Londres et c'est pourtant en pleine campagne anglaise style Agatha Christie. J'ai déjà hâte de rencontrer mon premier capitaine louche fraîchement rentré de son assignation aux Indes et prêt à commettre quelques meurtres habiles mais sanglants pour toucher un lucratif héritage.  

Le campus est gigantesque et on y retrouve des champs, des forêts et des lacs. Le petit centre-ville, à une demi-heure de marche, compte plusieurs pubs très britanniques et, dans l'ensemble, l'endroit est charmant malgré la présence indésirable d'un immense centre d'achat. Un quartier dix-30 sans entraînements du Canadien et surtout sans Radio Lounge ne devrait pas avoir sa place.

Je suis installé dans une résidence étonamment confortable. Mon bloc est réservé aux étudiants de la maîtrise et du doctorat. Ils viennent majoritairement de l'étranger et ils sont tous très gentils. Je suis également heureux de constater que Reading bénéficie d'une réputation très enviable en Grande-Bretagne et que je gagnerai énormément à y compléter une maîtrise. Vu le caractère spectaculairement aléatoire de mon processus d'application, j'avais hâte d'en savoir plus malgré les bons soins et les précieuses informations rendus par mon ami Kyam qui y a déjà étudié.

Hier, j'ai rencontré un joueur de football américain, capitaine de l'équipe de l'université. Après quelques politesses, il a voulu me recruter. Je lui ai dit que j'adorais le football américain mais que j'y étais exécrable et que je préférais sans doute perfectionner mes habiletés au football européen. Il m'a répondu que l'équipe était complètement atroce et qu'il s'agissait surtout d'un prétexte pour se cogner dessus. Je réfléchis sérieusement à me joindre aux Knights de Reading et j'ai déjà choisi mon nouvel ami asiatique doctorant en commerce international comme agent. Serait-il possible que je joue un match de football universitaire de plus que plusieurs des mes illustres, talentueux, agiles et rapides camarades du Collège Notre-Dame? Je vous tient au courant.